Communiqué de presse Mobilisation

Réponse de RTOERO au budget fédéral 2021

RTOERO est une organisation préoccupée par le vieillissement en santé et a donc suivi avec beaucoup d’intérêt le budget fédéral du 18 avril dernier. Nous représentons plus de 81 000 membres répartis dans des districts à travers le pays. RTOERO est aussi le plus important fournisseur national de régimes d’assurance santé collective à but non lucratif pour les retraités du secteur de l’éducation.

RTOERO veut s’assurer que ses membres, ainsi que tous les aînés en général, puissent profiter d’une belle qualité de vie en vieillissant. Nous sommes satisfaits de voir comment le budget améliorera les prestations de la Sécurité de la vieillesse. Ce financement supplémentaire, étalé sur cinq ans, promet d’améliorer la sécurité financière d’environ 3,3 millions d’aînés. Voilà donc une mesure très souhaitable.

Nous saluons également l’intention d’investir dans des services de garde d’enfants abordables et accessibles. Il est essentiel de mettre en place des systèmes qui soutiennent les personnes dans le besoin – peu importe leur âge.

Voilà pourquoi nous demandons une intervention accrue dans trois autres secteurs qui revêtent une importance cruciale pour les aînés canadiens.

1.  Régime national d’assurance-médicaments

Le rapport Hoskin (2019) initié par le gouvernement libéral préconisait un régime national d’assurance-médicaments. Cette mesure était totalement absente du budget.

Le Canada est le seul pays industrialisé au monde qui possède un régime d’assurance maladie universel, mais sans couverture universelle des médicaments. Nous payons constamment des prix parmi les plus élevés au monde pour nos médicaments d’ordonnance. Dix pour cent des citoyens n’ont aucune protection adéquate pour répondre à leurs besoins. Un ménage sur quatre ne peut pas se permettre de faire remplir ses ordonnances.

L’assurance-médicaments est à l’heure actuelle fragmentée selon les provinces et les territoires. La solution exige une initiative nationale. Nous appuyons un régime national de santé et déployons des efforts pour aider les aînés en difficulté financière – afin qu’ils n’aient pas à choisir entre acheter des produits de première nécessité de la vie quotidienne ou faire remplir leurs prescriptions médicales.

2.  Stratégie nationale pour les aînés

Le budget ne prévoit pas non plus de stratégie nationale pour les aînés, qui fait cruellement défaut. Les aînés sont la cohorte de la population canadienne ayant la croissance la plus rapide. Des lacunes dans nos politiques sociales et de santé créent des obstacles à leur autonomie et à leur rôle essentiel dans les communautés et les économies saines et dynamiques.

Résoudre ces problèmes séparément ne fournira pas les résultats dont nous avons besoin. Les enjeux sont divers (à part l’assurance-médicaments et la SV) et comprennent : les stratégies de vieillissement à domicile, les rentes à prestations déterminées, la lutte contre l’isolement social, les normes nationales en matière de soins de santé pour les aînés, la lutte contre l’âgisme et la protection des droits des aînés (comme le soutien à la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes âgées).

Une stratégie nationale et coordonnée, avec un financement dédié et des objectifs responsables, nous permettra de répondre aux besoins changeants des aînés.

3.  Soins de santé gériatriques

 À l’heure actuelle, les Canadiens âgés de 65 ans ou plus représentent 17 % de la population. Statistique Canada prévoit que cette proportion grimpera à 20 % – un Canadien sur cinq – d’ici 2024. Cette tendance s’accentuera à mesure que les baby- boomers plus jeunes atteindront l’âge de 65 ans.

La COVID-19 sert de toile de fond pour toute discussion sur les soins de santé gériatriques. Cette pandémie s’est avérée un test énorme pour le système de santé canadien dans son ensemble. Malheureusement, le système a déçu malgré les efforts héroïques de nombreux professionnels de la santé dévoués. Une telle situation ne peut pas continuer. Pas plus que des solutions fragmentées, en silos ou disparates ne sont acceptables. Il est temps de revoir en profondeur notre système de soins de santé et de jeter un regard neuf et éclairé sur la manière dont il dessert notre population plus âgée.

De nombreux aînés restent vulnérables et les soins de longue durée en sont un exemple typique. Pendant la COVID-19, le système de santé a laissé tomber ces résidents. Les foyers de soins de longue durée étaient sous-équipés, sous- desservis, non préparés, sous-protégés et mal entretenus. Leur personnel était sous-payé et sous-qualifié. Les taux de mortalité liés à la COVID-19 ont été particulièrement élevés dans les établissements privés.

Les conditions qui ont permis d’en arriver à une telle situation ont déjà été présentées aux gouvernements au cours des dernières décennies. Si le même nombre de personnes décédées dans des foyers de soins de longue durée avaient été des enfants dans les garderies, celles-ci auraient fermé leurs portes. Les réponses du gouvernement auraient probablement été très différentes.

L’indifférence ou l’inaction est le reflet d’un âgisme porté à son comble.

Nous demandons une enquête publique sur la situation des foyers de soins de longue durée que nous avons vécue lors de la COVID-19. RTOERO demande également une transition vers un modèle de foyer de soins de longue durée entièrement sans but lucratif; des mesures immédiates pour améliorer les conditions et les inspections dans ces établissements; le financement d’un personnel plus permanent dans les foyers de soins de longue durée; limiter l’affectation des employés à un seul foyer de soins infirmiers; et l’augmentation des salaires, de la sécurité d’emploi et des avantages sociaux du personnel (notamment les congés de maladie) En dernier lieu, nous appuyons un plan national pour les foyers de soins de longue durée, avec des normes et des processus nationaux pour une imputabilité efficace.

En examinant ces trois grands enjeux, il est clair que les infrastructures sur lesquelles les Canadiens comptent à mesure qu’ils vieillissent doivent être repensées et réorganisées. Ce changement ne surviendra évidemment pas du jour au lendemain. Nous pouvons cependant mettre immédiatement en œuvre des plans pour assurer véritablement la dignité et la qualité de vie des Canadiens plus âgés.

Le gouvernement fédéral ne peut pas les laisser tomber.