Blogue de la fondation Chaire érigée par dotation

Repenser complètement les soins de longue durée

Par la Dre Paula Rochon, le Dr Nathan Stall et Barbara Miszkiel

Cet article a été publié dans le numéro Hiver1 2020 de l’infolettre de la Fondation RTOERO.

Les foyers de soins de longue durée (SLD) ont fait les frais des ravages de la COVID-19 et retenu l’attention tant du public que des politiciens. Voici donc l’occasion inespérée de réfléchir de façon novatrice à la manière d’offrir aux résidents des établissements de SLD les meilleurs soins médicaux et sociaux. Parmi les aspects qui n’ont pas été pleinement pris en compte, on remarque l’impact de l’aménagement physique des foyers de soins de longue durée sur les soins dispensés aux résidents.

La question se pose : comment améliorer les foyers de SLD? La plupart des résidents y vivent par nécessité. Ce sont en majorité des femmes d’un âge avancé, souvent atteintes de démence et ne pouvant plus être soignées à domicile. En moyenne, leur espérance de vie est courte et pour la plupart, ce sera leur dernier lieu de résidence. Il s’avère donc essentiel de leur fournir un logement qui intègre à la fois santé et bien-être, pour procurer à ces résidents la qualité de vie qu’ils méritent.

En premier lieu, ces foyers devraient être conçus de manière à ce que les résidents disposent de chambres individuelles. Il a été démontré que les chambres individuelles réduisent l’anxiété, améliorent le sommeil et sont largement préférées. Elles sont également un moyen d’atténuer la propagation des maladies infectieuses.

En second lieu, les résidents devraient être seulement 10 à 12 par étage – un aspect particulièrement important pour les personnes atteintes de démence et qui fonctionnent mieux dans des groupes sociaux plus petits.

En dernier lieu, les espaces doivent être conçus de manière à accroître l’interaction et la stimulation sociales, deux facteurs importants pour maintenir la capacité cognitive et favoriser le bien-être. Le contact avec la nature a également une grande valeur à cet égard. Par exemple, les cours intérieures permettent aux résidents atteints de démence de se promener dans les jardins sans se perdre et créent des espaces pour accueillir la famille

Bien que ces exemples ne sont pas présentés pour répondre aux défis actuels résultant de la COVID-19, les chambres individuelles, les petits groupes de résidents et l’accès à l’espace extérieur sont tous, dans les faits, des facteurs permettant d’améliorer la prévention et le contrôle des infections.

Dans les foyers où ces éléments de conception sont déjà en place, les résidents ont mieux traversé la crise de la COVID-19.

Nous devons faire preuve d’une approche interdisciplinaire qui regroupe les gériatres, les architectes, les familles et nos autorités provinciales, afin de repenser les soins de longue durée – en créant des foyers où les aînés vont non seulement vivre, mais aussi s’épanouir.

Paula Rochon est gériatre, vice-présidente de la recherche au Women’s College Hospital et titulaire de la chaire RTOERO de médecine gériatrique à l’Université de Toronto.

Nathan Stall est gériatre et chercheur au Women’s College Research Institute et à l’Université de Toronto.

Barbara Miszkiel est directrice des projets de santé au cabinet HDR et une architecte primée.